Neutralité et médiation

La définition du verbe « perdre » est le fait de « Ne plus savoir où on est » mais aussi  « Être privé de quelque chose qu’on avait, qu’on possédait » définitivement ou temporairement.

Générosité de la langue française, les expressions avec « perdre » sont pléthores : Perdre du terrain, perdre son âme, perdre la tête, perdre de vue, perdre son temps, perdre patience, perdre la raison et la plus surprenante pour moi, apprendre à perdre. Personnellement, je regrette que l’expression « apprendre à gagner » n’existe pas. Bon, je m’égare, ça c’est un autre sujet. 

Nous les médiateurs, ce qui nous rend froussards, qui nous donne la pétoche ou les chocottes, c’est la perte de notre neutralité face aux parties. L’obligation de neutralité est d’ailleurs un des piliers de notre code de déontologie.

L’écrivain anglais, Douglas Reeman, disait que « la neutralité est un luxe sans prix dans un temps de guerre. »

En médiation, la neutralité n’est pas un luxe, elle est une obligation et doit être garantie aux parties.

Et c’est aussi, pour le médiateur, une protection, une mise à distance, une ceinture de sécurité. 

Pour prévenir les faux pas, comme les médecins et les psychologues, nous, les médiateurs avons une obligation de participer à des analyses de la pratique. Ce sont des séances de co-développement qui permettent de prendre du recul, réfléchir sur l’éthique de la pratique, et si besoin, vider sa poubelle émotionnelle (trop plein d’émotions), remplie par des médiations parfois éprouvantes, déstabilisantes ou résonantes.

Imaginez. 

Comment rester neutre face à une araignée de la taille d’une boite camembert quand vous êtes arachnophobe ?

Comment monter tout en haut de la grande roue quand vous avez le vertige ?

Comment rester neutre quand le médiateur se retrouve face à une situation qui le renvoie sa propre histoire ?

Comment garder son empathie quand l’une des parties à la voix ou le regard de la personne qui vous a le plus abimé ? 

1ère étape du kit de survie : déclenchement de plan S, S comme Sérotonine.

Cette hormone du bonheur agit dans la régulation de certains comportements comme l’humeur ou l’émotivité.Alors, on l’active : on se lève, on bouge, on s’agite, on ouvre la fenêtre pour voler un rayon de soleil, onboulotte du chocolat aux noix de cajou. 

Si le shoot de Sérotonine ne suffit pas :

2e étape : Pause toilettes. Baisser la lunette, s’assoir et appliquer la technique de la chaise auto-empathique. C’est regarder en soi et comprendre ce qui se joue.

La perte de la neutralité est une perte d’ancrage. C’est le déclenchement d’un instinct de survie avec le warning « attention danger, résurgence du passé ».

Ça vient toucher quelque chose de notre propre histoire.

Alors comme le dit le Dalaï Lama « Si aider les autres vous parait trop difficile, essayer au moins de ne pas les blesser. » 

Ça c’est l’étape 3 : quand 1 et 2 n’ont pas suffi à rétablir notre neutralité,  notre responsabilité est de savoir se désengager de la médiation et orienter vers un confrère. 

Je vous dis à bientôt.

Miss Utopie

Une réflexion sur “Neutralité et médiation

  1. So true ! et drole! pour ne pas  » perdre la face » je vais imaginer aussi les parties aux toilettes…cela pourrait m’aider à me distancier…ahahah
    Bisous

    J’aime

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