Un proverbe guadeloupéen dit que « le pardon ne guérit pas la bosse. »
Pardonner sous-entendrait l’idée d’une part à donner, voire de donner sa part.
Pardonner serait-il faire don de quelque chose, faire don d’un peu de soi à l’autre ?
L’expression « Je te demande pardon » me dérange.
Le pardon se demande-t-il ?
Demander quelque chose à quelqu’un, c’est encore lui ajouter une contrainte, une injonction, un nouvel effort émotionnel et relationnel.
Pour celles et ceux qui se sentent « victime » attendre un pardon pour imaginer se sentir libérée, c’est possiblement se retrouver, à nouveau, dans une relation de pouvoir, de contrôle et de soumission, dans l’attente de ce pardon incertain.
Nous voilà bien loin du pardon libératoire.
Le pardon ne serait-il pas plus facilement acceptable s’il se proposait ?
Imaginez : « Je te propose mon pardon ».
En médiation, certains participants viennent avec l’idée d’un pardon à la clé, à offrir ou à recevoir.
Parfois, alors que l’on ne l’attendait pas, que l’on ne l’attendait plus, il s’invite.
Le pardon alors peut se faire le médiateur d’une reprise du lien, mais il ne doit être, en aucun cas, une obligation de résultat.
Allez, un petit clin d’œil « vie de famille » pour nourrir cette chronique.
Si vous êtes parents, vous connaissez très certainement le si agaçant « j’ai pas fait exprès » quand nos enfants tentent de justifier d’avoir renversé 1L de pâte à crêpe sur le sol de la cuisine ou après avoir teint en noir un jean dans la baignoire, sans penser à rincer le fond, qui devient alors une œuvre de Vasarely », ça vous parle ?
Et bien il fait sens ce « j’ai pas fait exprès ». Il apporte l’idée qu’il n’y avait pas d’intention de nuire.
La non-intention de nuire est une des conditions facilitatrices du pardon, associé au temps qui passe et à la sincérité de la démarche.
Ceci dit, est-il vraiment nécessaire de pardonner ?
Chez certains auteurs, le pardon est abordé comme le moyen de se libérer soi-même de l’étau de la haine, du poison émotionnel, de la culpabilité et tenter l’oubli.
Pour moi, notre seule responsabilité, c’est de faire l’effort de comprendre, non pas l’autre, mais son comportement.
Pour Victor Hugo, « le pardon, c’est le repos ».
Je crois que le pardon qui repose, c’est celui que l’on s’accorde à soi-même, peu importe si l’autre l’accepte ou non.
Alors vive nos bosses et nos cicatrices.
Elles nous rendent uniques, singulières et solides.
Alors oui, elles sont les marques de nos blessures mais surtout, elles sont la preuve que nous avons survécu !
Allez, je vous dis à bientôt.
Miss Utopie