Comment encore communiquer dans ce monde d’écrans interposés ?
Je crois qu’il faut que je vous confesse, je me sens hasbeen.
Ce monde des réseaux sociaux me donne l’impression de marcher à contre sens sur une 4 voies, dans l’attente inexorable d’un choc frontal.
Mon fil d’actu est envahi de gens qualifiés « d’influenceurs » alors que je déteste l’idée d’être influencée. Je veux être convaincue avec du débat, de l’argument, du fait validé.
Et alors que nous médiateurs, travaillons d’arrache-pied pour conserver notre neutralité dans l’espace de médiation, l’influence éventuelle sur nos clients pourrait être considérée comme une faute déontologique.
Le mot « filtre » sur Instagram, terme qui sous-entend l’idée de purification, semble avoir pour objectif un embellissement artificiellement et provisoire.
Quelle est l’intention cachée ?
Quel est l’intérêt de publier une image de soi qui n’est pas soi et qui n’existe pas ?
Dans l’espace de médiation, c’est tout le contraire : on abat ses cartes, on tombe les masques, on lève le voile, doucement, avec pudeur et au rythme de chacun. C’est un espace où la singularité a sa place, le naturel, la créativité, le hors cadre, le non-consensuel, le beau et le moche, en résumé, la sincérité et la vie.
Alors oui, ça peut-être un face à face virulent, un combat de coqs parfois, un choc des ego.
En médiation, en cas de sortie de route, verbale ou comportementale, il nous arrive de devoir reposer le cadre.
Sur les réseaux, celui que l’on appelle le modérateur n’est autre qu’un censeur des mots qui a tous pouvoirs, même celui de vous supprimer.
Pensez-vous que l’exclusion définitive du groupe, la condamnation au silence et à l’isolement apaisent les esprits de notre société ? L’eau ne continue-t-elle pas à bouillir sous le couvercle ?
Sur Google+, le cercle est un outil qui permet de classer ses relations, c’est donc un cercle ségrégatif.
Pour moi le cercle, c’est mon organisation privilégiée quand je reçois un groupe, de paroles ou de stagiaires. Dans cette disposition chacun se retrouve, symboliquement au même niveau.
Le cercle est aussi une réparation, quand il est restauratif.
Et que dire du tweet, qui n’autorise ni nuance, ni argument, ni faisceau d’indices et de preuves. Juste une « pseudo » vérité livrée sous un pseudo.
Sans parler du buzz, qui se traduit en français par, bourdonnement. Cet acouphène, ce bruit parasite créateur de céphalées chroniques, est un potentiel barrage à la réflexion et à la prise de distance.
Et le call to action définit comme « bouton qui est un appât pour convertir un visiteur en lead ». Si celui qui s’intéresse à moi, visite mon site ou mon profil devient une proie, cela fait de moi un prédateur !
Tous ces concepts familiers utilisés dans un sens modifié par les « gourous » du marketing numérique prennent en otage notre langue, nos mots, pour jouer sur nos émotions, nos sensations, nos perceptions.
Si le sens des mots est détourné, la pensée l’est aussi.
Allez, je vous laisse avec mon hashtag #mediatricehasbeen
Je vous dis à bientôt.
Miss Utopie