Médiation familiale : quelle co-parentalité après la séparation ?

Billet utopique à celles et ceux qui considèrent :

1) que l’enfant a des droits,

2) que l’égalité entre les hommes et les femmes doit être garantie par la loi,

3) que pères et mères doivent répondre aux mêmes droits et devoirs,

4) qu’être parent, c’est l’être au quotidien (physiquement et/ou moralement),

5) qu’être parent, c’est être un exemple pour son enfant.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaite préciser que ce texte est le fruit de mon expérience et de témoignages de clients reçus en médiation.

Autre précision, j’ai pris le parti de ne pas évoquer la souffrance des enfants, premières victimes et moteurs évidents de cette prise de position. J’ai fait le choix, pour une fois, de mettre en lumière les parents « gardiens ».

Sur ce sujet, l’utopie a laissé place à l’indignation.

Indignée par une loi mal faite avec un effet pervers inattendu, une volonté de protection qui finalement enferme, un droit à tiroirs, un « qui perd gagne »…

Le sujet ?

Le DVH : le Droit de Visite et d’Hébergement.

A quoi sert-il ?

A définir les conditions d’accueil des enfants, chez Papa et chez Maman, dans l’intérêt suprême des enfants (modalités de résidence, pension…)

Dans plus de 80% des cas, les parents obtiennent, auprès du Juge, le DVH qu’ils ont demandé (source Insee 2018).

Les femmes ont donc majoritairement la garde des enfants à la demande des pères et des mères.

 

Comment s’organise la co-parentalité après une séparation ?

 

Cas A : je m’entends avec mon ex 

Il était une fois, dans un monde magique, où le couple, après divorce, se transforme en couple parental.

Le DVH permet une organisation idéale, rassurante pour les membres de la famille et gage d’un futur épanouissant. Dans cette séparation intelligente et bienveillante, le jugement, obligatoire pour les couples initialement mariés, est homologué par un JAF (Juge aux Affaires Familiales) et n’a aucun intérêt puisque ce jugement n’est appliqué qu’en cas de désaccords entre les parents. Vous me suivez ? Ok, cas B.

 

Cas B : je ne m’entends pas bien avec mon ex, mais c’est un parent présent, impliqué et bienveillant avec les enfants

Dans ce cas là, le jugement est LA solution.

Par contre, la rédaction du protocole devrait être l’oeuvre des parents dans le cadre sécurisé d’une médiation.

Les parents doivent savoir qu’ils peuvent rédiger leur protocole eux-mêmes pour ensuite le faire homologuer par le Juge en étant accompagnés par un médiateur.

C’est légal, moins cher qu’un avocat, plus rapide et c’est surtout dans un sur-mesure familial.

Ainsi on évite le risque de l’aléa judiciaire, c’est à dire laisser le juge statuer à notre place et ne pas avoir la liberté et la responsabilité de choisir « in fine » les modalités du protocole.

Prendre la plume pour rédiger son protocole après une médiation évite une décision de justice perdant/perdant et favorise le gagnant/gagnant.

Au moment de l’homologation, le Juge garde une place prépondérante dans la sauvegarde du droit et il veille au respect de l’intérêt des enfants dans votre protocole.

 

Cas C : je ne m’entends pas bien avec mon ex et il est inconstant dans l’exercice de son DVH

Voilà le point qui réveille en moi une indignation et une rébellion.

Pour rappel, le D dans DVH, c’est pour Droit.

En clair, cela signifie que le parent non gardien a le droit, et non le devoir, d’accueillir ses enfants (selon les modalités définies dans le jugement), mais que rien ne l’y oblige.

Le seul devoir de ce parent « intérimaire » est le paiement de la pension.

Aujourd’hui en France, la seule obligation légale d’un parent non gardien est d’avoir un lien financier avec ses enfants, et non un lien affectif.

Quand ce DVH est exercé de manière aléatoire, le parent gardien fait l’objet d’une prise d’otage légalisée, d’une privation de liberté, d’enfermement social, professionnel et amoureux pour certain(e)s.

Le parent « intérimaire » devient ainsi le maître du temps dans la vie de son ex-conjoint(e).

Des centaines, peut-être des milliers de parents gardiens (je ne trouve aucune donnée officielle sur ce sujet) attendent chaque week-end la venue hypothétique de l’autre parent, ou doivent composer avec une absence annoncée tardivement ou un retour anticipé qui instrumentalisent le parent gardien.

L’organisation familiale devient impossible, avec régulièrement des rendez-vous professionnels reportés, des vacances difficilement planifiées, des week-ends annulés, des surcoûts réguliers pour palier aux changements constants de planning, une angoisse et un sentiment d’insécurité perpétuels pour les enfants.

Comment peut-on maintenir les parents gardiens et les enfants dans une situation d’esclavage moderne dont le seul objectif est de laisser à ces parents « intérimaires » un droit qu’ils n’exercent qu’à leur gré ?

Comment est-ce possible que certains parents gardiens perdent leur droit fondamental de liberté, de carrière, de reconstruction, au profit d’un DVH non fiable ?

J’entends dans l’oreillette les faux-amis qui considèrent que d’avoir « gagné » la garde des enfants est un « bon pour silence et pour sacrifice. »

Le DVH est un outil de CONTRÔLE et de POUVOIR sur l’ex-conjoint(e) et sur les enfants, outil de pression ultime de ces parents-là.

Ce DVH non exercé est une assignation à résidence pour les parents gardiens et d’une incommensurable souffrance pour les enfants.

Je demande que l’on respecte les droits de l’enfant,

je demande qu’une commission de réflexion soit menée rapidement sur l’évolution de ce droit,

je demande une réforme du droit en matière familiale.

 

Cécile Lapierre alias Miss Utopie

 

 

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